Je vous avais abandonné dans les bois, je crois ? Oui, c’est ça, je m’étais perdue en forêt et à la relecture de l’épisode 19, toujours pas retrouvée non plus. Donc je trouvais enfin une sente, mais je n’étais pas rassurée pour autant. Ontario baguenaudait quelques mètres en avant, pas plus de 2. Plus drôle, lorsque nous sommes sortis de cette sente où je me faisais un flip sur les tiques qui pourraient me trouver aussi appétissante que lui… Il s’est encore rapproché, et pour cause : j’avais le sentiment de traverser une autre forêt !
Une forêt aux mille visages
Oui, c’est clair, la forêt de Senonches est changeante. En moins d’une demi-heure — enfin si je n’avais pas tourné en rond, pester, pleurer, gronder le chien qui n’y était pour rien —. Je suis passée du plat aux épineux très gros et très éloignés, à une sente entourée de petits arbres malingres cernés de hautes herbes. Puis ce fut carrément la montagne ! Bon OK, j’exagère, mais à la sortie du chemin, je me suis retrouvée face à une forêt de beaux feuillus dont le dénivelé m’impressionna plutôt. OK, j’avais du bol, je n’étais pas au bord du précipice, puisque le plat était à mes pieds. Mais à quelques mètres de là, sacrée descente à faire sur les fesses pour ceux qui ont un sens de l’équilibre restreint.
Du coup, mon palpitant n’était guère à l’aise et mon Onta, qui le sentait bien, s’était encore rapproché de moi, histoire de me rassurer, sans doute.
Il m’a fallu une bonne demi-heure de plus pour déboucher, non pas sur un chemin plus grand, mais sur un chemin sous les frondaisons. Là encore, l’alternance feuillus – sapins qui donne une coloration plus sombre à la forêt ne me rassurait guère, mais
l’espoir de retrouver un vrai beau chemin était revenu. En plus, je ne sais pas pour mon husky, mais moi j’avais la dalle, il était donc temps de retrouver mon chemin !
La délivrance
Enfin, après quelques kilomètres de plus, nous la tenions notre grande allée. La pression sur mes épaules ayant fortement baissée, Ontario repris sa marche à 5 mètres minimum, avant même que j’aie décidé du sens. Bah oui, à droite ou à gauche pour retourner à la voiture ?
Honnêtement, je ne me souviens pas si c’est moi, ou si c’est Onta qui a décidé de la route à suivre. Ce qui est certain, c’est que j’ai dû oraliser ma question. Et du coup, on a choisi la gauche. De toute façon, avec deux pattes gauches, je ne vois pas pourquoi je choisirais d’aller à droite.
Au bout de même pas 5 mètres, c’est l’euphorie ! Mais bien sûre que je le connais ce chemin, je peux même te dire où se trouvent les fraises des bois… Bon, sauf que là, ce n’est pas la saison. Comme je n’avais pas de montre, je me suis dit à vue de nez que je pouvais retourner dans le bois et peut-être dénicher, à défaut de girolles, quelques cèpes.
Bah, vous vous en doutez, ce n’est pas mon Ontario qui m’a détourné de ma folie. Batifoler dans les sous-bois, c’est quand même plus euphorisant qu’une large allée de cailloux blancs.
Eh bien vous savez quoi, se perdre dans les bois, cela amène des récompenses :
- Je ne me suis pas reperdue : oui, je me suis quand même surveillée pendant que je scrutais l’humus, j’essayais quand même de ne pas marcher en crabe !
- J’ai fait une belle collecte de cèpes ce jour-là, de beaux cèpes de bordeaux, au moins 1 kg 5, du coup j’en ai congelé pour l’hiver.
- Seul point négatif : Ontario n’a pas pour autant appris à lever les cèpes ou les girolles, mais il a vachement aimé cette super longue balade dont je me serais passée.
Forêt 1 — Ontario 1 — Magali 0
N’empêche, parfois je me demande pourquoi je m’obstine avec la forêt de Senonches :
- Elle m’envoie des sangliers, comme ça, sans crier gare
- Elle m’égare… Ah, non, ça c’est moi seule, c’est vrai !
- Elle envoûte la laisse du chien…
Comment ça je dis des bêtises ? Si, si, je vous jure, une bien drôle d’histoire que cette laisse baladeuse. Afin de ne pas vous assommer, je vous la fais courte, très courte. La laisse était dans ma poche. Tout au long de la promenade, filmée par ma fille, elle était dans ma poche. On décide de jouer à cache-cache avec Ontario. Jusque-là, tout va bien. On ressort du sous-bois, je tâte ma poche, pas de laisse, pas plus dans ma poche que sur le chemin. On retourne dans le sous-bois, toujours point de laisse – elle s’était perdue comme moi, celle-là ou quoi ? — On retourne sur le chemin : voilà la laisse, étalée comme un serpent. Violet sur blanc, ça flashe, non ?
À la lecture de la vidéo, la sentence est claire, la laisse n’a jamais pu arriver seule sur le chemin. Au final, ce soir-là, cette forêt qui me ne me rassurait pas toujours a fini par m’effrayer. Et c’est assez amusant, car sans cette laisse baladeuse, la forêt de Senonches ne m’aurait peut-être pas permis de trouver aussi :
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Notre futur home sweet home
À des kilomètres d’elle, enfin pas trop quand même.
Et là, je vais vous faire un placement de produit très pourri : si vous voulez découvrir ma plume et surtout l’histoire de La laisse, c’est ici.
J’espère que contrairement à moi, vous avez le sens de l’orientation et que vos loulous veillent à ce que vous retrouviez toujours le chemin. Avez-vous, vous aussi, fait des rencontres improbables ou vécu des instants bizarres qui ont, à défaut d’avoir ému vos toutous, fait dresser les poils de vos avant-bras ?
Crédit images :
Forêt : Sven Lachmann
Laisse : boutique Of Watson Lake
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