Devant l’absence de mesures prises par Facebook pour tenter d’endiguer le problème, il ne reste que la prévention auprès du plus grand nombre. En effet, ces arnaques ne se développent que parce que des gens, un peu naïfs ou sensibles mordent à l’hameçon.
J’ai déjà publié plusieurs articles sur les arnaques du web orientées autour de l’informatique. Il était temps que je fasse une version dédiée aux animaux de compagnie.
Passez le message en partageant cet article au maximum. Plus il sera lu, moins l’arnaque fonctionnera.
ATTENTION, je précise que cet article est réalisé dans le cadre de mon activité de prestataire informatique en sécurité & réseaux. J’ai pris des précautions et bien entendu, je ne vous conseille pas d’essayer de reproduire la même chose chez vous.
Le contexte
L’être humain malgré sa complexité est rempli de faiblesse. Une des plus grandes reste son côté empathique (bon j’admets que certains humains en manquent cruellement mais ce n’est pas l’objet du débat d’aujourd’hui). De ce fait, en choisissant bien ses mots et l’histoire, il est possible de tirer sur la corde sensible et attirer le chaland
L’accroche
Tout commence par une publication sur différents groupes Facebook annonçant un jeune chiot à donner contre bons soins. Pour justifier cet acte désespéré, dans le passé, il s’agissait d’un déménagement à l’étranger. La technique fonctionnant mal, les malfrats se sont adaptés. Maintenant, c’est la propriétaire qui est décédée subitement dans un accident de la route. Et c’est donc sa fille, sans emploi et sans revenus qui publie l’annonce indiquant qu’elle ne peut pas garder l’animal.
Comment ne pas verser une petite larme devant une telle histoire ? Comment ne pas trouver de solution pour ce petit animal qui n’a rien demandé et qui se retrouve orphelin ?
Pris par l’émotion, vous envoyez un message et voilà, vous venez de mordre à l’hameçon.
Les premiers échanges
Vous entamez la conversation avec l’escroc sans le savoir. Il vous communique des informations complémentaires en indiquant quasi systématiquement qu’il réside pour le moment en Corse, qu’il peut vous remettre l’animal en main propre si l’on veut mais que sinon il peut passer par un transporteur spécialisé. Grammaticalement, ce n’est pas écrit dans un français correct mais qui s’attarde aujourd’hui à ce type de détail lorsque l’on voit les messages sur Facebook de français s’exprimant dans leur langue maternelle de façon très approximative voir parfois sans aucun sens ?
Statistiquement, il y a plus de chance que la victime réside sur le continent et non pas sur l’île de beauté.
Les premiers échanges visent à rendre crédible l’arnaque. La personne demande si l’on connait la race, si l’on a du temps pour s’occuper de l’animal. Et bien sûr, elle dit vouloir recevoir des nouvelles lorsque vous aurez adopté l’animal.
La mise en place de l’arnaque
Dans la conversation, l’arnaqueur précise que les frais de transports s’élèvent à 200 €. Le message indique que cette somme est à verser au transporteur le jour de la livraison. Il demande ensuite vos coordonnées postales, mail et téléphone. Il va prétendre ensuite aller à l’agence de transport (AirAnimal dans notre cas et qui est une société légitime implantée en Floride). Et vous recevez dans les 2 heures un mail nominatif d’une compagnie de transport vous indiquant cette fois qu’il faut verser 200 € par Transcash. Le coupon est à acheter dans un bureau de tabac ou un supermarché.
Au travers de Facebook Messenger, l’escroc va donc commencer à mettre la pression pour que vous alliez chercher de coupon le plus rapidement possible. Ensuite, ça va être par téléphone avec des appels insistants de la part du « transporteur ». Si vous communiquer un mauvais numéro de téléphone, ils ne manqueront pas de vous le signaler par Facebook Messenger. Par-contre, pour l’adresse, vous pouvez dire n’importe quoi ils ne vérifient rien.
Transcash c’est quoi ?
Transcash est un système appartenant à Mastercard et permet de transférer de l’argent facilement et rapidement entre 2 pays ou bien de disposer d’un moyen de paiement sans être rattaché à une banque.
Si dans le principe, l’idée est intéressante, comme bien souvent l’utilisation qui va en être faite est frauduleuse. Bien entendu, ni Transcash, ni Mastercard International Inc n’en parlent afin de ne pas se couper l’herbe sous le pied.
Bien entendu, dès lorsque vous communiquer le numéro du coupon, l’argent sera débité et vous n’aurez aucune possibilité de récupérer cet argent.
Que fais la police dans tout ça ?
Pas grand-chose à vrai dire. C’est un système d’arnaque géré en dehors de la France, au Cameroun pour être précis. Et disons que sur place, les autorités s’en cognent furieusement, surtout que ce trafic fait rentrer des capitaux importants dans leur pays. Cette arnaque arrange bien l’économie locale.
Allons plus loin dans l’analyse de l’arnaque
L’Arcep, régulateur des Télécoms, permet de déterminer à quel opérateur appartient un numéro donné. Dans notre cas, il s’agit de Onoff Telecom.
Nous avons reçu une réponse de Onoff Telecom :
Mais que se passe-t-il si on appelle le numéro de mobile qu’il donne ? J’avais utilisé un faux numéro au début donc lors de mon appel, aucun lien pouvait être fait avec mon numéro d’appelant. Si le nom du chien est utilisé plusieurs fois, au bout du fil, la personne avait le nom et prénom que j’ai utilisé. On peut en déduire que potentiellement ils utilisent un pool de numéros téléphoniques où chaque numéro est attribué à une arnaque en cours.
Lors des échanges, mon but était d’utiliser des techniques dites d’ingénierie sociale / manipulation mentale pour inciter mon interlocuteur à cliquer sur un lien Internet spécialement prévu à cet effet. Il aura fallu plusieurs tentatives afin qu’un des escrocs se fasse avoir ;p.
L’adresse IP d’un des escrocs est « 129.0.226.186 ». Et bien entendu, une petite localisation le place au Cameroun sans surprise.
L’étape suivante va donc consister à déposer plainte avec les différents éléments (y compris l’enregistrement audio de la conversation) afin qu’il puisse y avoir réquisition judiciaire et éventuellement une enquête plus poussée pour faire tomber le réseau.
Le mot de la fin
Facebook ne faisant rien pour endiguer le phénomène, la seule façon de lutter contre ces arnaques reste l’information. Plus les gens seront informés moins ils se feront avoir. Lorsque ce type d’arnaque ne prendra plus, ils devront donc en trouver une autre.
C’est un jeu sans fin du chat et de la souris mais garder un avis critique et ne plus croire de trop au Père Noël vous évitera bien des déboires.
Pensez donc à informer les modérateurs des communautés Facebook, Le Bon Coin dès que vous repérez une arnaque comme celle-là. Envoyez-leur cet article pour leur expliquer. Bref, faites du bruit.
1 Comment
Les arnaques du web #1 Facebook Marketplace - Facebook MarketPlace et transporteur Express · 7 juin 2022 at 18 h 19 min
[…] Et sinon, comme les arnaques sur Facebook sont sans cesse plus nombreuses, voici celle au chiot à donner contre bon soin. […]