L’opération d’Ontario s’est bien déroulée, et après quelques jours — increvables ces huskys — on a pu reprendre nos belles randonnées sous les allées ombragées. Nos pas nous conduisaient également aux étangs, dans le parc du château de la Ferté-Vidame, et dans les sous-bois généreux de la forêt de Senonches.
Avant les premières balades à vélo, il fallait que je sois sûre que les ordres basiques étaient bien enregistrés. Et que je l’habitue au harnais. Comme je vous le disais, ce n’est pas qu’Ontario en avait peur, c’est que j’avais juste une sacrée tendance à toujours l’enfiler dans le mauvais sens…
Test du harnais : OK
« Faute de grives, on mange des merles », nous dit l’adage. C’est malheureusement ce qui s’est passé pour le harnais et Ontario. Par manque de moyens, il a hérité de celui d’Inuit. Et que la vie est bien faite, car Ontario, un peu gras, rentrait parfaitement dedans.
Est-ce que c’était un H-Back, un X-back, aucune idée, mais c’était un harnais de traction violet, idéalement rembourré pour protéger leurs magnifiques pelages ? Je me souviens que je m’étais quand même fait la réflexion que vu leur tonne de poils, ça n’allait pas les rafraîchir. Il faut admettre que malgré tout, les chiens n’ont pas semblé souffrir d’un surcroît de chaleur.
Environ une fois par semaine, j’apprenais donc à remettre un harnais sur un husky. Si vous aviez vu ses yeux désespérés puis renfrognés au fur et à mesure des essayages, quand je m’y prenais comme un manche.
Une fois le harnais enfilé, on partait pour une petite promenade, à pieds. Je vérifiais que la droite, la gauche, c’était acquis. Comme vous vous en doutez, Ontario connaissait sa droite de sa gauche mieux que moi. Je m’assurais également que le stop était acquis. À pinces, pas de soucis.
Et comme, lors de nos promenades, j’avais appris à Ontario à se débrouiller seul pour se « désemmêler » de sa laisse, je peux dire qu’on était prêt, ou presque. Il me tardait de le tester à VTT, mais il était trop jeune morphologiquement et il faisait encore trop chaud.
Cela dit, pas besoin d’un vélo pour vivre des aventures palpitantes avec un husky, pas vrai !
Les jouets préférés d’Ontario
Et avec Ontario, des aventures j’en ai vécu plein. Qu’elles fussent de son fait, ou d’une inattention chronique de ma part. Ou alors est-ce parce qu’il ne savait pas jouer ?
Oui, je ne sais pas pour vous, mais je n’ai jamais su faire jouer mes huskys, le bâton, les balles, ça ne les intéressait pas plus que moi, je crois. En même temps, un Nordique est bien trop malin pour accepter de vous rapporter la baballe. Surtout quand à côté vous lui offrez de grandes heures de promenade et d’attention.
Du coup, les jouets préférés d’Inuit, ben y en avait pas. Si, il a bouffé le nez de mon doudou (oui, je l’ai encore, mon doudou, et toc !), quelques soutiens-gorge, parce que c’était fort tentant en mon absence et comme ils pendaient, vachement sympa à détrôner de leur piédestal : le séchoir suspendu.
Ontario, lui, aimait bien jouer au bâton, à la condition que le but soit de chacun tirer de son côté. Comme on ne pouvait le lâcher dans le jardin, sous peine de jouer à « cours après moi pendant des heures », j’avais investi dans une corde à tirer. Il adorait ce jouet-là.
Et comme avec Inuit, on jouait à la bagarre, j’ai bien évidemment recommencé avec Ontario. On grognait — oui moi aussi — bon, je ne mordais pas, j’aime pas trop bouffer du poil de chien. S’il mordillait un peu trop fort, je simulais la grosse comédie, du « aïe, tu m’as fait mal », et cela les calmaient.
En fait, je passais plus de temps à les balader et leur parler qu’à jouer, et puis on avait ce moment unique et parfait où l’on chantait.
Chanter à la lune et bouffer du hérisson ?
Avez-vous déjà hurlé à la lune avec votre chien ? Bien sûr, ce n’est sans doute pas nécessaire lorsqu’ils sont en meute. Mais lorsqu’il est le seul avec une meute d’humains, je trouvais ça géant de chanter avec lui, au moins une fois par an.
Ontario avait cette manière particulière d’adapter son trémolo à son interlocuteur. Il ajustait son phrasé, son ton à chacun d’entre nous. Il modulait et jouait de ses cordes vocales en fonction de notre ton aussi.
Nous avions des voisins en or, car ils ne nous ont jamais reproché le « réveil des loups » que nous leur faisions subir chaque année. En général, en hiver, quand je sentais qu’Ontario avait besoin de s’exprimer, j’entamais le chant de la meute et tout le monde suivait, sauf mon mari, parfois grognon, et qui n’y connait rien au husky.
Aujourd’hui, je ne sais plus chanter Husky, cela fait trop longtemps qu’un petit loup n’a chanté sa complainte.
Ontario avait une autre marotte bien particulière. Les longues promenades estivales amenaient quelques fois à réaliser de merveilleuses rencontres, pour moi et Ontario, pas forcément pour le troisième quidam, j’ai nommé : le hérisson…
C’est amusant, parce que tous les huskys ne tomberont pas en pâmoison devant les hérissons. Inuit, lui, était un chasseur de taupe hors pair, Ontario préférait les campagnols, les hérissons et les pigeons. À chacun son truc !
Imaginez un peu votre Nordique, il tombe nez à nez avec ce charmant animal très piquant. Il le prend dans sa gueule, souffre le martyre, vous lui proposez donc naturellement de reposer le hérisson. Parce que vous, vous aimez le hérisson, mais pas en soupe ni en rôti ! Votre chien, repose le hérisson, le regarde, désespéré, cherche un nouvel angle de prise et repart ! Le hérisson de nouveau dans la gueule du toutou, bien en boule et sauf. Le chien gémit de nouveau, rebelote. Et cela, jusqu’à votre domicile…
Quels animaux préfèrent vos huskys ? Le hérisson piquant, la taupe myope ou encore le campagnol qui vole ? Peut-être le lapin ou le pigeon ?
Crédit image : Jaanus JagomägiPablo Heimplatz Piotr Łaskawski
1 Comment
Grillet · 6 novembre 2018 at 23 h 42 min
Un superbre article, on reconnait bien, une fois encore, la belle plume de Magalie. L’article est un parfait mélange d’émotions, d’informations et de style. Je file lire les autres.